La Nouvelle-Aquitaine veut labelliser ses pépites !

Il n’a échappé à personne que la France métropolitaine administrative avait été redécoupée en treize régions avec de nouvelles prérogatives, notamment en ce qui concerne leurs implications auprès des entreprises. La Région Nouvelle-Aquitaine, présidée par Alain Rousset, s’est immédiatement emparée de cette fonction, multipliant les actions directes qui peuvent aider les entreprises, y compris les plus petites, trop souvent laissées pour compte.

Au-dessus d’un certain chiffre d’affaires et, a fortiori dans les nouvelles technologies, nos sociétés intéressent les fonds d’investissement et il n’y a pas une journée sans l’annonce d’une levée de fonds record dans ce domaine. Tant mieux, mais qu’en est-il des entreprises artisanales qui n’affichent pas de tels CA et dont l’activité ne relève pas des tendances geek du marché financier ? Pour elles, pas de fonds miraculeux. C’est pourtant dans ces dernières que l’embauche de personnel est directement liée au moindre euro investi. Ce sont également elles qui pérennisent des savoir-faire et sont souvent récompensées du fameux label EPV. Un détail qui n’a pas échappé à la Région Nouvelle-Aquitaine qui compte bien miser sur la richesse artisanale de son territoire (elle est déjà à la quatrième place au nombre d’EPV), en renforçant l’accompagnement des entreprises qui souhaitent postuler auprès du ministère de l’économie, seul décisionnaire pour l’attribution du précieux label d’État. Le nombre des EPV en Nouvelle-Aquitaine est de 136, mais l’objectif affirmé est de doubler ce chiffre d’ici 2020 !

Ces entreprises portent haut un savoir-faire et aussi, condition indispensable à ce label, sa transmission et donc la formation et la qualification de la main d’œuvre de demain. Pour les consommateurs et parents que nous sommes, cela devient un important vivier de débouchés pour notre progéniture à la recherche d’un avenir qui ne passe pas forcément par un cursus universitaire. S’occuper de ces sociétés, c’est aussi s’occuper de nos enfants.

La nouvelle réorganisation des régions donne au Conseil Régional le pouvoir de décision d’attribution d’une subvention. D’où l’envie de ce dernier de prendre le problème à bras le corps. À noter que certaines EPV et d’autres en devenir de labellisation sont également concernées par un nouveau partenariat public et privé entre l’Agence de l’Alimentation de Nouvelle-Aquitaine (AANA) et InVivo. Ce partenariat naissant baptisé SO France va permettre de valoriser la qualité, autour des produits alimentaires et viticoles. “SO France est soutenu par une forte volonté politique de valorisation des filières agricoles et agroalimentaires de notre région à l’international. Notre objectif est de promouvoir nos produits et nos territoires à l’export, en nous appuyant sur la notoriété de la cuisine française et sur son fort pouvoir d’attraction touristique”, déclare Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine.

Aide à l’innovation : Manufacture d’accordéons Maugein (n°65)

Implantée au cœur de la Corrèze, cette manufacture d’accordéons est la plus ancienne de France. Reconnue dans le monde entier, elle se tourne aujourd’hui vers l’avenir avec une nouvelle gamme qui mêle tradition et numérique.

En apparence très traditionnelle, cette manufacture est pourtant résolument innovante comme en témoigne cette nouvelle gamme Inata (Instrument Numérique À Toucher Accordéon). Une gamme qui n’aurait pas pu se développer sans l’aide de la région qui a subventionné cet investissement à hauteur de 40 % des 90 000 euros engagés.

Inata, c’est quoi ? Une petite révolution dans le domaine de la musique. Imaginez cinq instruments totalement repensés pour en faire des synthétiseurs de sons sans perdre la gestuelle d’accordéoniste. L’idée développée par Richard Brandao, président de la manufacture et initiateur du projet, est de permettre à un accordéoniste de jouer de la guitare ou du saxophone avec un accordéon. Il faut dire que lorsqu’on est habitué à la gestuelle sur un instrument, il est souvent difficile de passer à un autre avec la même dextérité. Inata permet de faire fi de tout cela en un seul clic. Car Inata est truffé d’une électronique de pointe développée par l’un des maîtres en la matière, Guy Daurelle de la société lyonnaise Speedsystem.

Dans ce cas, l’aide de la région est indispensable sous forme de subventions pour le développement de produits nouveaux et le maintien de l’emploi. L’affaire a été rondement menée entre un audit sur place, quelques réunions de présentation du projet et du business plan, puis l’incontournable commission qui décide si oui ou non la subvention sera attribuée. Reste encore le plus dur, atteindre l’objectif. Douze mois de travail dans les ateliers de Speedsystem et de Maugein sont nécessaires avant que les deux premiers Inata soient proposés courant 2018, un clavier plat et un accordéon en attendant la guitare, le saxophone et le bandonéon. Voilà de quoi enrichir une gamme de 67 modèles déjà présents au catalogue de cette EPV plus que centenaire.

Aide à la reprise : Manufacture Degorce (n° 116)

Reprendre une entreprise, même labellisée EPV, ne se fait pas d’un coup de cuillère à pot. Il faut des hommes et des femmes avec une volonté sans faille surtout lorsqu’il s’agit d’un produit qui, il faut bien l’admettre, n’est pas encore le plus porté sur les podiums de la Fashion Week. La charentaise, c’est d’elle dont il est question et pas n’importe laquelle, celle de la Manufacture Degorce, installée en Charente depuis 1935.

L’histoire commence entre deux hommes, Marc Vagogne, alors président de la Manufacture Degorce, et Renaud Dutreil, ancien ministre et surtout nouvel investisseur dans la région et notamment auprès de l’eau minérale locale Fontaine Jolival. La réussite de l’un avec sa source et l’envie d’arrêter de l’autre feront qu’un accord est vite trouvé pour perpétuer la production de charentaises et maintenir ce savoir-faire local. Il ne manque plus que l’aide de la région Nouvelle-Aquitaine pour que cette transmission se fasse dans de bonnes conditions. Un dossier d’avance remboursable destinée au renforcement des fonds propres est mis en place pour une durée de 6 ans de manière à soutenir la trésorerie et augmenter les capacités d’investissements dans de nouvelles machines.

Reprise en septembre 2017, la marque renoue très vite avec le succès. La charentaise devient tendance ! Aujourd’hui, l’entreprise est en plein développement. La Manufacture possède également sa propre machine pour l’injection de semelles PVC, ce qui va projeter l’entreprise vers un nouveau marché avec le modèle Twist qui secoue le monde de la mode.

Bien qu’ancrée dans la tradition avec un produit fortement marqué, la Manufacture Degorce va jouer maintenant avec les codes de la mode et montrer qu’EPV et savoir-faire se conjuguent parfaitement avec transmission de patrimoine et innovation.

Aide à l’investissement : Maison Laffargue (n° 37)

Comment être connue et portée dans le monde entier sans bouger de Saint-Jean-de-Luz ? Comment être plébiscitée par toutes les prêtresses de la mode sans faire une seule pub ? C’est peut être tout simplement ce que l’on appelle le talent. Un don que possède la Maison Laffargue et qu’elle peaufine depuis sa création en 1890.

Ici, tout se passe de génération en génération, il y a toujours un ou une Laffargue à la tête de l’entreprise de maroquinerie familiale. Avec ou sans les fameux clous posés à la main, les sacs et autres articles de maroquinerie sont vendus exclusivement dans la boutique historique et sur le Net. Bien que la transmission se fasse en famille, des investissements sont nécessaires et l’appui de la région Nouvelle-Aquitaine indispensable. L’atelier contigu à la boutique devient trop petit d’où la nécessité d’investir dans une nouvelle infrastructure de 650 m2 à Ascain. Une aide sous forme de subventions qui fonctionne par remboursement partiel d’une partie des sommes investies dans les nouvelles machines et sur présentation des factures acquittées. Le projet est grand car il comprend également l’embauche de quinze ouvriers ou ouvrières qualifiés qui viendront s’ajouter au personnel existant.

Chez Maison Laffargue, l’importance du savoir-faire est primordial et fait la spécificité des articles. Ici, toutes les découpes d’un sac ou d’un portefeuille sont réalisées en machine par une équipe spécialisée dans le façonnage des cuirs en provenance de tanneries françaises. Puis tous les éléments constitutifs de ce sac ou de ce portefeuille se retrouvent alors sur la table d’un seul artisan maroquinier qui va le monter de A à Z. Cette manière de fonctionner est la signature Laffargue.

L’excellence artisanale et industrielle en Nouvelle-Aquitaine

La Région Nouvelle-Aquitaine ne compte pas moins de 136 entreprises labellisées EPV. Si celles impliquées sur les marchés de la mode ou du luxe font figure de vitrines, le plus gros de la troupe est parfois moins visible, mais tout aussi actif. En voici quelques exemples avec les aides apportées par la Région :

Ateliers Pinton (Creuse), fabricant de tapis et tapisseries, est entrée dans le second Appel à Manifestation d’Intérêt 2017 du programme “Usine du Futur”. (n°67)

Porcelaines J. Merigous (Haute-Vienne) a été accompagnée dans le cadre d’une reprise/transmission familiale. C’est l’une des entreprises ayant participé à l’obtention en décembre dernier de l’Indication Géographique Porcelaine de Limoges. (n°105)

• Tissage Moutet (Pyrénées-Atlantiques) a bénéficié de l’aide aux Actions Collectives pour l’organisation d’une exposition sur les savoir-faire au Musée de Bayonne. (n°55)

• Ateliers Drevelle (Charente) a participé au salon Quintessence regroupant des professionnels des métiers d’Art de Nouvelle-Aquitaine. Cette manifestation organisée à la Mothe-Saint-Heray dans les Deux-Sèvres a bénéficié d’une aide régionale. (n°113)

• Brosserie Brenet (Deux-Sèvres) a reçu le Trophée Économie Circulaire dans le cadre du Prix de l’Eco Néo-Aquitain. (n°133)

• Devoucoux Sellier (Pyrénées-Atlantiques) a bénéficié d’accompagnements de la région pour son développement à l’international. (n°36)

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