Imaginez un vêtement qui serait totalement fabriqué en France ? Impossible ? Non, car quelques irréductibles Gaulois sont en mesure de relancer une filière complète dans ce monde si délocalisé de l’industrie textile, de la matière première, le lin, jusqu’au produit fini en passant par la filature et le tricotage.
Deux dates fortes jalonnent la nouvelle histoire de Labonal, une marque née en 1924. La première, en février 2018, lorsque la société sort de la procédure collective et du contrôle judiciaire qui la privaient de son droit d’agir en son nom. L’effet est immédiat, Dominique Malfait, directeur industriel, monte un dossier solide pour sauver l’entreprise et ses dizaines de collaborateurs. Le renouveau se concrétise par la création de la marque La Frenchie by Labonal en octobre 2018, seconde date importante. L’objectif est de relancer l’industrie textile française avec des collections pensées à partir de matières premières naturelles ou recyclées. Mais le challenge ne s’arrête pas là car Dominique Malfait entend bien aller plus loin dans la relocalisation.
Une idée qu’il partage avec les membres de l’opération Lin Possible, mais aussi avec la société Emanuel Lang qui relance la filature du lin sur le sol français. Là encore, il faut que les collaborations et la confiance jouent à plein entre tous les intervenants pour que l’objectif soit atteint. En quelques mois, un métier à filer en continu le lin est rapatrié chez Emanuel Lang à Hirsingue dans le Haut-Rhin. Il est remis en fonction par la société française NSC Schlumberger qui l’avait construit dans son usine alsacienne de Guebwiller. Le retour de ce métier à filer en continu français permet de rétablir la totalité de la chaine industrielle sur notre sol depuis la culture du lin – dont la France est le premier producteur mondial – jusqu’aux métiers à tricoter de Labonal, en passant par la filature avec une machine française. Cette étape intermédiaire, et ô combien importante, marque peut être ce que sera l’avenir de la filière du lin. Rappelons que la société Emanuel Lang a échappé à la faillite en 2013 lorsqu’elle a été reprise par Pierre Schmitt et son groupe Velcorex.
Aujourd’hui, la filière est en partie reconstruite, mais elle réclame encore des investissements car, pour l’instant, le fil obtenu par le procédé appelé filature à sec est d’un diamètre trop gros pour la confection de vêtements légers. Les fils plus fins sont généralement issus d’une filature dite au mouillé. Pour l’heure, La Frenchie est capable de tricoter des chaussettes en lin qui n’ont pas encore la finesse nécessaire pour entrer en concurrence directe avec celles réalisées en coton fil d’Écosse, mais Dominique Malfait pense parvenir à ses fins dans les prochains mois.
Nous serons bien évidemment là pour vous présenter ces nouveaux produits issus d’une filière on ne peut plus made in France. Et comme il aime à le souligner : “Si La Frenchie fait le tour du monde, c’est aux pieds des consommateurs !”.