Groupe Aiôn : naissance d’un géant de l’horlogerie française

Ce n’est pas tous les jours que l’on apprend une telle nouvelle, celle de la création du groupe horloger français Aiôn qui, de surcroit, va s’implanter à La Ciotat. Alors comme on le dit là-bas avec l’accent, ils sont fadas ou pas ?

Apparemment pas aux vues des annonces légales de constitution de la société avec plus de 20 millions de capital social. À l’heure où chaque candidat à la présidentiel y va de ses solutions pour relocaliser, il semble que des entrepreneurs et des investisseurs n’ont pas attendu le résultat des élections pour se lancer dans une opération de relocalisation d’envergure. Mais jugez plutôt, Aiôn va construire un complexe industriel de 10 000 m2 capable de produire plus de 400 000 mouvements par an à l’horizon 2025. Le groupe a fait l’acquisition de la manufacture horlogère suisse Felsa et de son parc de 450 machines dédiées à la fabrication des pièces de mouvements horlogers mécaniques. S’il est prévu plus de 160 employés hautement qualifiés dans les futurs locaux, il faut savoir que l’activité de différentes filiales (on en compte 7 déjà installées) a déjà débuté dans le parc industriel Athélia IV de La Ciotat : bureau d’études horloger, production et commercialisation de composants et de mouvements, décoration, ainsi que travaux d’assemblage et SAV multimarque.

Créé avec les statuts d’une entreprise à mission aux termes de la Pacte, le Groupe Aiôn compte une quarantaine d’actionnaires dont certains ont réalisé des apports industriels comme les machines qui vont être installées sur le site. Certaines sont déjà en route dans plusieurs filiales du groupe. Le site de La Ciotat a été choisi pour son ouverture au monde grâce à sa proximité avec Marseille et ses moyens de transport, lignes de train à grande vitesse et aéroport international. Des arguments qui ne manquent pas d’intéresser une main-d’œuvre jeune et très mobile également très sensible aux attraits de la qualité de vie et du climat des Bouches du Rhône. N’oublions pas que Marseille abrite également une belle école d’horlogerie où sont formés les talents de demain.

Selon le communiqué du groupe : “Aiôn ambitionne de positionner la France comme un pays producteur horloger majeur à l’international, et ainsi proposer une alternative aux acteurs suisses et asiatiques. Un des atouts majeurs du Groupe Aiôn est son savoir-faire en développement et production de spiraux”. Pour les non-initiés, le balancier spiral est une pièce essentielle très difficile à fabriquer. Il est le cœur du mouvement mécanique car il régule la marche du temps par ses oscillations et lui procure donc toute sa précision.

Le Groupe Aiôn est né de la volonté de fédérer tous les talents au sein d’une entreprise industrielle et de la mettre au service de toutes les marques horlogères d’envergure internationale. Parmi les premières marques arrivées dans ce groupe, on compte Hegid et Lornet. Cette dernière est la marque d’Anthony Simao, l’un des associés du groupe. Une marque qui signe déjà un beau contrat de visibilité en étant partenaire chronométreur officiel de la prochaine Route du Rhum et dont le logo sera vu par les millions de plaisanciers participants à Virtual Regatta. Pour Hegid, qui devient la marque étendard du groupe, c’est le moyen de recentrer toute sa production au même endroit comme l’explique Emeric Delalandre : “Auparavant, il fallait pratiquement 18 mois entre la première facture à payer pour réaliser un prototype et la première vente. Des délais impossibles à tenir pour de petites entreprises horlogères. Travailler avec le Groupe Aiôn nous offre plus de flexibilité et même de sécurité sans parler du fait de pouvoir tout faire en circuit hyper court dans les mêmes ateliers”.

Lauréate de France Relance et accompagnée par la Région PACA, l’installation d’une filière horlogère complète participe à l’effort de réindustrialisation comme l’indique Anthony Simao : “Il est urgent de redonner ses lettres de noblesse à la France dans l’horlogerie. Nous avons rapidement fait le constat que les structures actuelles n’étaient pas suffisantes pour concevoir, produire et développer à grande échelle des montres mécaniques. La France est un vivier de talents incontestés de la discipline, et pourtant, elle n’est globalement qu’un pays de sous-traitants de pointe pour des maisons étrangères dont les montres sont produites ailleurs, par commodité industrielle”.
La question se pose de savoir si les mouvements produits seront concurrentiels, ce qui semble pouvoir être le cas aux dires de Céline Guth, directrice générale déléguée au développement international de Aiôn Group SA, qui annonce des premiers prix à moins de 100 euros pour un mouvement mécanique fabriqué à grande échelle. L’autre question est de savoir si les marques de luxe françaises joueront le jeu et si le made in France provoquera la même attirance que le swiss made chez les consommateurs. Les salons horlogers internationaux qui vont se dérouler prochainement donneront très vite les réponses à ces questions, bien que l’on ait déjà une petite idée…
Enfin, cerise sur le gâteau, les statuts d’entreprise à mission font que le Groupe Aiôn adhère aux principes de l’économie sociale et solidaire. Il sera également un acteur de la transition écologique du territoire et de la transmission des savoir-faire avec de nombreux emplois créés.

www.watch-manufacture.fr

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