Ateliers Peyrache : suivez le fil

Corinne Gaudic

Blanc Bonnet fait la une des magazines et des radios depuis que sa dirigeante, Corinne Gaudic, a reçu le “Trophée des PME Bougeons-nous” de notre confrère RMC. Une belle histoire entrepreneuriale du made in France.

C’est fin novembre 2015 que les Gaudic reprennent Les Ateliers Peyrache à la barre du tribunal de commerce, sauvant ainsi 19 emplois directs en Haute-Loire où les ateliers sont installés depuis leur création en 1871. Deux quarantenaires qui investissent leurs économies dans une reprise. Un véritable challenge qui commence au début de 2015 lorsque les Gaudic rachètent d’abord Broderie du Lys en région parisienne. Un atelier de broderies industrielles parfaitement adapté aux travaux en petites et moyennes séries. Ce premier rachat va avoir des conséquences immédiates car, dans leur champ de concurrence, ils apprennent très vite les difficultés rencontrées par un autre brodeur, Les Ateliers Peyrache qui n’ont sans doute pas pris le bon virage des années 2000 avec un parc machines essentiellement adapté aux grandes séries.

Il faut remonter un peu en arrière pour mieux comprendre pourquoi Les Ateliers Peyrache se retrouvent en difficulté. Au début des années 2000, la délocalisation de la broderie industrielle est forte et les entreprises françaises voient leurs clients se tourner peu à peu vers une sous-traitance étrangère. Les grosses machines du parc ne sont pas très adaptées aux petites et moyennes quantités et l’absence de machines dédiées à ce type de marché fait perdre de nombreuses commandes. C’est la chute inéluctable et l’opportunité pour les Gaudic de rassembler deux compétences avec la reprise des Ateliers Peyrache six mois après celle de Broderie du Lys. Ainsi, le parc machines des deux sociétés se complète pour répondre à toutes les demandes. Aujourd’hui, ils peuvent s’enorgueillir d’être le premier brodeur industriel de France et qui plus est, certifié Origine France Garantie. Les clients sont les entreprises locales ou nationales et des clubs sportifs comme la boutique officielle du Racing 92.

De cette union, La Compagnie Ateliers Peyrache voit le jour et, pendant trois années, elle n’aura de cesse de faire grandir son carnet de commandes et de développer la marque Blanc Bonnet. Très vite, il faut se rendre à l’évidence, les investissements sont nécessaires et il faut trouver de l’argent pour grandir encore et pérenniser les différentes activités du groupe. Un tour de table est réalisé et un fonds d’investissement s’intéresse de près à ce jeune couple qui ne cesse d’accroître son image au point de remporter le Trophée Bougeons-nous RMC qui marque une sorte de reconnaissance du travail accompli tant en sauvant des outils industriels que les emplois qui vont avec. Pour preuve, 19 employés à la reprise au tribunal en 2015 et aujourd’hui plus de 30 personnes travaillant en deux huit, voire en trois huit selon la période. Fin 2018 et après l’obtention de ce trophée, le fond APICAP s’engage à hauteur de 1,7 million d’euros dans de l’économie réelle pour permettre à LCAP d’entreprendre de nouveaux investissements.

Tout dans le pompon

En reprenant Les Ateliers Peyrache à la barre du tribunal, les Gaudic y trouvent également des savoir-faire en tissage et tricotage, dont la fameuse marque Blanc Bonnet née en 2008. Bien connue dans le milieu montagnard, la marque peine pourtant à grandir ne permettant pas à elle seule de sauver Les Ateliers Peyrache avec la conséquence que l’on connaît en 2015. Dès la reprise, les Gaudic voient tout son potentiel compte tenu de la qualité de fabrication des bonnets qui sortent des métiers à tricoter et des doigts de fées des couturières sans parler des maîtres ès pompons. Blanc Bonnet ne peut rester confinée dans le milieu sportif et montagnard, la marque peut prétendre à se faire connaître dans le milieu du prêt-à-porter et de la mode. C’est l’objectif des Gaudic !

Blanc Bonnet vise la mode et le prêt à porter avec succès depuis la reprise.

Ils sont aidés en cela par un beau concours de circonstance puisqu’une année avant la reprise, Le Slip Français avait initié sa campagne “Bouge ton Pompon” en soutien à l’AF-Téléthon. Un bonnet fabriqué par Les Ateliers Peyrache et dont une partie de la vente est reversée à l’association, plus de 340 000 euros en 5 ans. La suite on la connaît, une deuxième édition de Bouge ton Pompon avec un bonnet dessiné par Jean-Paul Gaultier, puis une troisième avec un design participatif sur Internet, une quatrième avec la créatrice de mode Isabel Marant et enfin cette année avec un modèle signé par Inès de la Fressange. Clin d’œil et retour aux sources pour celle qui fut notre Marianne en 1989 et dont le nom de famille est intimement lié à l’histoire de Saint-Didier-en-Velay depuis plusieurs siècles !

5 années de campagne « Bouge ton pompon » lancée par Le Slip Français en soutien à l’AF-Téléthon. Tous les bonnets sont tricotés aux Ateliers Peyrache.

De nombreux talents

L’histoire des Ateliers Peyrache commence lorsque les deux frères, Jules et Barthélémy-Henry, prennent la suite de leur père, Jean-François Peyrache. Ce dernier avait hérité de son beau-père un atelier mécanisé de rubanier. Une activité très répandue dans tout le Forez qui exige des machines et un savoir-faire très techniques. Cinq générations vont se succéder à la tête de l’entreprise familiale jusqu’en 2015. Sa spécialité : les rubans et ces fameuses étiquettes en tissu que l’on trouve presque partout, de nos cols de chemise jusqu’à celles cousues dans des articles de maroquinerie. Presque toutes les marques apposent cette étiquette de griffe en tissu et Les Ateliers Peyrache tournent toujours à plein régime. Aujourd’hui encore, cette activité bat son plein et, lors de notre visite, nous avons pu voir ces métiers à tisser sortir de longs rubans d’étiquettes pour une célèbre marque de boules ou encore des rubans tricolores qui seront mis autour du cou des Meilleurs Ouvriers de France. On a même vu les étiquettes pour de jeunes marques de prêt-à-porter français comme Tee-shirt Propre par exemple.

Bien que de nombreuses entreprises délocalisent, Les Ateliers Peyrache restent ancrés à Saint-Didier-en-Velay avec une main-d’œuvre formée sur place aux diverses techniques de tissage, de tricotage, de confection sur maille et de broderie. La grande particularité de cet atelier est d’offrir des savoir-faire multiples permettant de répondre à de nombreuses demandes du prêt-à-porter.

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