Olivier Remoissonnet, dirigeant de La Brosserie Française

Figure incontournable du renouveau du made in France, Olivier Remoissonnet est à la tête de la seule entreprise française détenant le savoir-faire pour la fabrication de brosses à dents !

Véritable précurseur, Olivier Remoissonnet, un Picard d’origine, est arrivé en 2012 dans le made in France en sauvant La Brosserie Française de la liquidation judiciaire.
Bien avant cela, il avait découvert le monde industriel lors de petits boulots sur les chaines d’assemblage de la Peugeot 205. C’est là qu’il aura une révélation : “L’ambiance, les odeurs, ces machines qui ne s’arrêtent jamais et qui nous dépassent… La transformation presque miraculeuse de bouts de ferraille en début de chaîne qui deviennent des voitures à la fin. Je me suis dit tout suite que c’était là que je voulais travailler”, nous dit-il avec un brin d’émotion dans la voix. BTS de mécanique d’automatisme en poche, il élève encore sa formation en obtenant un diplôme d’ingénieur au CNAM. Très vite initié à la mécanique de précision destinée à l’automobile, il se forme et acquiert une véritable expertise dans ce domaine, “une méthodologie incroyable qui ne souffre pas l’à-peu-près, un cadre extrêmement structurant qui ne cesse de m’accompagner”, indique Olivier. 

Ses premières brosses

En 1998, il entre à La Société Générale de Brosserie, à l’époque le principal fournisseur pour le marché français des pinceaux de vernis à ongles et brosses mascara. C’est là qu’il découvre un savoir-faire inconnu qui va devenir une véritable passion. “J’ai eu un véritable coup de cœur pour l’industrie de la brosserie au sens large, les techniques de fabrication, le potentiel des produits. On a l’impression que tout a déjà été inventé en la matière, mais non ! C’est un vivier de recherche, d’innovation, de créativité”, explique-t-il. 
C’est à cette époque qu’il constate les premiers effets de la désindustrialisation et de la délocalisation. La Société Générale de Brosserie ferme ses portes en 2007 et il doit rebondir dans l’un des établissements du groupe Samap, propriétaire de plusieurs usines dans la brosserie dont celle de Beauvais. La concurrence asiatique (et surtout chinoise) fait encore des ravages et bouche l’accès aux marchés de la grande distribution. S’enclenche alors la spirale : défaut de paiement, tribunal et liquidation, mais, à 6 jours de la décision du juge, il présente un plan de reprise avec l’aide d’Olivier Voisin, cofondateur et dirigeant de la société NATTA spécialisée dans le moulage par injection plastique. “J’y croyais profondément et je me suis appuyé sur ces deux boussoles, le fabriqué en France et l’écologique, pour construire mon plan de reprise”, explique Olivier.

Après acceptation de ce plan de reprise par le tribunal, La Brosserie Française voit le jour et conserve 24 salariés. Le premier challenge est de rapatrier des savoir-faire et une partie du matériel : “Il a fallu aller rechercher en Asie une partie de ce qui y avait été envoyé – moules, outillages, machines… – car notre site était devenu une friche industrielle à reconstruire entièrement. Ce sont les salariés qui ont organisé des groupes de travail pour rebâtir l’entreprise comme ils le souhaitaient”, explique Olivier. Tout est alors pensé pour que l’usine soit durable et respectueuse de l’environnement : lampes à LED, réutilisation de la chaleur des compresseurs pour chauffer l’atelier, espaces verts de l’usine entretenus en éco-pâturages, etc. La formation en interne devient également un atout de l’entreprise, d’autant qu’elle s’inspire du lean manufacturing, une méthodologie de production transposée de l’industrie automobile basée sur l’autonomie et la polyvalence des opérateurs.

La renaissance de Bioseptyl

“Après trois ans d’effort et de restructuration, nous étions prêts à relancer la gamme Bioseptyl : cette marque, créée initialement dans les années 1980, avait pesé jusqu’à 12 % de part de marché à l’époque. Mais, elle avait beaucoup souffert de la montée des marques distributeurs et des grandes marques internationales et avait fini par disparaître des rayons. Nous avons décidé de la relancer en cohérence avec les valeurs fondamentales de la Brosserie Française : fabrication française, transparence, durabilité et écoresponsabilité. Nous avons donc fait le choix de fabriquer des manches en plastique recyclé, d’utiliser des filaments à base végétale, de recourir à un packaging minimaliste et en carton, de proposer des filières de recyclage etc… Et nous avons également décidé de proposer nos produits par le biais d’un abonnement en ligne.”

Olivier Remoissonnet

La réussite est au rendez-vous, mais Olivier Remoissonnet veut aller plus loin. Et quand on lui demande pourquoi ses brosses ne sont pas encore livrées dans tous les foyers français, il nous répond : “D’une, ce n’est pas ma prétention, même si j’avoue que nous souhaitons faire beaucoup plus et que nous en avons les capacités. Reste que même pour les objets du quotidien, nous sommes encore confrontés aux lois du marketing alors qu’il faudrait simplement mettre en avant leur fonctionnalité. Il faut que la fonction première d’un objet devienne naturellement son principal argument de vente. Si nos générations ont été marquées au sceau du marketing, on s’aperçoit que les plus jeunes sont bien plus attentives aux signaux faibles. Des signaux plus vertueux, plus écoresponsables et plus citoyens. Des signaux plus en accord avec la société que ces jeunes générations imaginent pour demain, très loin des brassages médiatiques et marketing notamment pour les objets de consommation courante à très faible impact financier pour leur budget”, nous répond Olivier Remoissonnet. Une sorte de quête de sens, on consomme utile et responsable.
Dorénavant, La Brosserie Française est également présente dans les circuits bio, mais aussi dans les pharmacies développant des produits directement destinés aux soins orthodontiques et de parodontie.

Côté innovation, Bioseptyl est la première marque à proposer des manches en bioplastiques à base de fibres de lin, de liège ou de poudre de coquillages. Mais également des manches en hêtre français à la place de ceux en bambou au bilan carbone désastreux. Un dentifrice, des bains de bouche… et une fantastique brosse Édith à tête interchangeable pour moins jeter sont les autres produits phares de Bioseptyl avec toujours ce système d’abonnement qui permet de recevoir selon son rythme la bonne brosse à dents dans sa boite aux lettres.

Nul doute qu’à travers ce portrait d’entrepreneur, vous comprendrez mieux le challenge qui se dresse pour ces marques qui font le made in France de demain et que cet exemple montre qu’un produit simple, mais parfaitement adapté à son marché, peut devenir une success story.
Je laisse volontiers Olivier Remoissonnet conclure : “C’est l’un des secrets dans l’industrie. Il faut toujours innover, aller de l’avant et cultiver l’esprit du contre-pied. Rien n’est jamais acquis !”.

www.labrosseriefrancaise.fr

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