Si fabriquer en France est déjà un challenge, ce MIF Expo 2019 nous a permis de constater que certaines entreprises se sont également engagées sur la voie de l’éco-responsabilité. Un chemin emprunté pour certaines depuis plusieurs années et que nous vous proposons de découvrir lors de ce 4e parcours dans les allées du salon.
La voie de l’éco-responsabilité
“Toutes les activités humaines qui intègrent l’environnement dans leur gestion et leur organisation”, voilà la définition de l’éco-responsabilité. Bien évidemment, tout le monde s’accorde à dire que, compte tenu des réalités de chaque secteur de l’économie, il ne peut y avoir de solution universelle, chacun devant emprunter sa voie en respectant au mieux les trois piliers de l’éco-responsabilité que sont la protection de l’environnement, les responsabilités sociale et économique. Recyclage, up-cycling, détournement de matières, circuits courts, économie circulaire, gestion des déchets, développement durable, commerce équitable, création d’emplois et utilisation des ESAT sont autant de leviers pour s’engager sur la voie de l’éco-responsabilité dont on ne peut exclure la bio (je dis bien “la bio” dans sa définition).
Lancé en financement participatif, le jeans Infini de 1083 est confectionné à partir d’un denim tissé en France à partir d’un fil obtenu par recyclage des plastiques récupérés dans les océans. Une grande première en matière d’éco-responsabilité, mais la jeune entreprise de Romans est allée encore plus loin en proposant à ses clients de consigner leur jeans. Ainsi, au lieu de jeter son pantalon, il pourra le renvoyer gratuitement chez 1083 qui, soit lui remboursera 20 €, soit les mettra en avoir sur un nouvel achat. Mais cette consigne n’est pas tout, puisque le jeans ainsi récupéré sera envoyé directement en recyclage pour en faire de nouveaux. Et pour que cette opération soit la plus simple possible, le jeans Infini est mono-matière, du tissu aux boutons en passant par le fil à coudre et les étiquettes. La boucle est ainsi bouclée, l’idée étant de transformer les déchets en ressources.
Ötzi est le premier sneaker unisexe proposé par cette jeune entreprise normande. Jusque-là, rien de bien surprenant, mais cela devient plus intéressant lorsqu’on sait que cette chaussure est totalement éco-conçue et fabriquée en France. Les fondateurs, Cyril et Benjamin, collectent des textiles et des matières recyclées auxquels sont rajoutées des matières naturelles comme le lin (français). Leur schéma de fonctionnement est simple, tout faire en France ! Cela commence par l’utilisation de savoir-faire d’entreprises locales pour assurer une qualité optimale du produit. Ils concourent ainsi à la sauvegarde de l’emploi et la fabrication dans l’hexagone permet d’éviter les transports avec un indice carbone désastreux. Rajoutons que si une paire de sneakers contient parfois plus de 40 matières différentes empêchant tout recyclage, chez Caruus, on se limite à seulement 6 qui seront recyclées en produits isolants pour le bâtiment, en revêtement de terrain de sport ou encore en énergie via l’incinération.
Terminé le papier d’alu pour couvrir un plat ou emballer le goûter des enfants. Terminé également le film alimentaire pour protéger un oignon ou n’importe quel fruit entamé. Apifilm propose la solution la plus éco-responsable car certifiée par l’HACCP (agence de sécurité alimentaire internationale) et par GOTS puisqu’il s’agit d’un coton biologique. Apifilm, ce sont tout simplement des carrés de tissu enduits de cire d’abeille, de résine de pin des Landes et d’huile de tournesol biologique, les trois ingrédients étant certifiés aptes au contact alimentaire. Tous les matériaux sont sourcés en France en dehors du coton originel, bien évidemment. L’imprégnation du tissu se fait chez Papeterie Gerex en Isère qui possède les dernières machines pour ce travail. La découpe et l’emballage sont réalisés à la main dans un ESAT également en Isère. 100 % naturel et lavable, 1 lot de feuilles de différentes tailles remplace plus de 3 rouleaux de film plastique à usage unique.
Le sneaker est en vogue et les jeunes créateurs français ne manquent pas d’imagination ni d’engagement en termes d’éco-responsabilité comme c’est le cas pour la jeune marque Ubac qui propose un modèle unisexe obtenu à partir de laine recyclée, douce, respirante et surtout antibactérienne. La tige est tissée dans le Tarn avec une technique spéciale pour éviter que la laine bouloche et pour qu’elle résiste à l’eau. Les lacets sont tricotés dans le Maine-et-Loire à partir d’un fil obtenu par recyclage de bouteilles en plastique (PET). La semelle intérieure amovible est en liège recyclé et la semelle extérieure est en EVA fabriquée au Portugal, Ubac n’ayant pas obtenu en France de réponse positive pour cette première série. Les étiquettes sont tissées dans la Loire et enfin la boîte fabriquée en Isère est en carton recyclé et recyclable.
Lorsqu’on parle de détritus transformés en ressources, impossible de ne pas évoquer Friendly Frenchy qui utilise, pour fabriquer des montures de lunettes, un matériau dont peu de gens se servent. À part Zézette dans Le Père Noël est une Ordure qui les gardait pour en faire des cendriers, personne n’utilise ses coquilles d’huitres, de Saint-Jacques ou de moules. Personne sauf Friendly qui, avec l’aide d’un laboratoire normand, a trouvé le moyen de solidifier, avec de l’huile végétale, la poudre obtenue par broyage des coquilles pour en faire des montures solides, esthétiques et originales. Ce mélange poudre et huile est ensuite injecté dans des moules et monté dans un atelier jurassien. Alors, à Noël, lorsque vous mettrez vos coquilles vides à la poubelle, vous aurez maintenant une pensée émue pour Sandrine et Laurent, les deux fondateurs de la marque. Notez que les verres organiques sont fabriqués dans le Jura et que tout le packaging est issu du recyclage.
Basée en Aquitaine, la société Vitagermine est un acteur majeur et un pionnier de l’alimentation bio en France sous ses deux marques : Babybio pour les bébés de 0 à 3 ans et Vitabio pour les enfants de plus de 3 ans et les adultes. Depuis le début, Vitagermine a su développer une véritable expertise dans la sélection de bons produits – là où ils sont les meilleurs – et dans la création de recettes originales, denses en fruits et légumes en évitant l’ajout de sucres (ou en remplaçant le sucre traditionnel par des sirops issus de fruits)… et surtout riches en goût. Que ce soit pour les enfants ou les parents, Vitabio privilégie autant que possible l’origine française des ingrédients et, de toute façon, joue la transparence en mentionnant leur origine sur ses emballages. Des jus, des smoothies et des gourdes qui mêlent fruits, légumes et maintenant céréales… des recettes gourmandes mais nutritionnellement adaptées. Quant à Babybio, elle sera la première à proposer un lait infantile 100 % bio en 1996. La marque répond à l’exigence d’une double réglementation, celle de l’alimentation infantile et celle du mode de production de l’Agriculture Biologique, avec une multiplicité de produits fabriqués en France.
bbb La Brosse de Biom Paris est en passe de devenir un objet culte. Sa conceptrice et designer Sandra Legel est partie de constats simples : pourquoi la brosse classique ne passe pas partout dans la cuvette des WC ? Pourquoi toujours des produits pétro-sourcés pour la fabriquer ? Pourquoi toutes ces gouttes chargées de microbes tombent-elles ? C’est en répondant à ces questions qu’est née bbb La Brosse avec ses nervures comme des feuilles d’arbre pour faciliter l’écoulement, sa forme en bec de canard pour aller dans les recoins et sa fabrication bio-sourcée en France (plastique recyclé et déchets de betteraves). Aujourd’hui, la société utilise une nouvelle matière bioplastique issue des algues sargasses. Une innovation réalisée en partenariat avec l’entreprise bretonne Algopack qui développe des bioplastiques à base de cette algue terriblement invasive.
L’objectif zéro déchet, cela parle à tout le monde. Et pourquoi ne pas commencer en éliminant les disques en coton jetables et autres lingettes ? Clarange propose des cotons démaquillants et des lingettes pour bébés, lavables (ils passent en machine plus de 300 fois !) et réutilisables. Leur particularité ? Les produits bi matières (1 face éponge et 1 face molleton) portent tous le label Oeko-Tex 100, ce qui veut dire qu’ils sont garantis sans pesticides, allergènes ou colorants cancérigènes. Leur confection se fait près de Rouen dans un atelier à taille humaine dans lequel travaillent 20 personnes. Ce qui est bon pour nous, l’est aussi pour la planète. Sachez qu’un lot de 10 cotons Clarange remplace en moyenne 4 000 cotons jetables et permet d’économiser environ 150 € sur 2 ans.