Le “Coût Environnemental” face à Shein

L’éco-score textile expliqué sur la page Facebook du ministère de l’Écologie et des Territoires (capture d’écran).

Officialisé depuis le 1er octobre, l’affichage du Coût Environnemental d’un vêtement peut être apposé sur une étiquette normalisée pour aider le consommateur dans ses choix.

Initialement prévu par la loi Climat et Résilience de 2021, ce qui s’appelait l’Eco Score, basé sur le volontariat des marques, devient le Coût Environnemental depuis le 1er octobre de cette année. L’idée est de doter le marché de la mode d’un affichage officiel et normé sur chaque produit pour indiquer aux consommateurs le coût environnemental d’un vêtement. Ce dernier est représenté par un chiffre de 0 à l’infini qui jauge l’impact de l’ensemble des process tout au long du cycle de vie : de la production de la matière première à l’élimination du vêtement, en passant par la filature, le tissage, la teinture, la confection, le transport ou encore l’entretien. Une sacrée bonne idée qui permet de bien choisir avant d’acheter, même si parfois, ce ne sera pas un vêtement made in France. Mais à ce stade, il ne faut pas se tromper de combat. Vaut-il mieux acheter un pull made in Europe ou empiler dans son armoire des vêtements made in ailleurs qui ne répondent à aucune norme environnementale, fiscale ou sociale ? 

L’affichage du Coût Environnemental est donc une véritable avancée pour la transparence des implications de la mode sur notre avenir, sachant que l’industrie textile est la plus polluante du monde. Quelques chiffres en disent long :
chaque année, ce sont 240 000 tonnes de microfibres plastiques textiles qui sont relâchées dans les océans (source : ADEME)
20 % de la pollution des eaux sont imputables à la teinture ou à la finition et au traitement des textiles dans le monde (source : Parlement européen)
7 500 litres d’eau sont nécessaires pour fabriquer un jean en coton, soit l’équivalent de l’eau bue par un être humain pendant sept ans (source : ONU)
95 % : c’est la part des habits importés et portés par les Français (sources : FIMIF et Union des Industries Textile)
l’ultra fast-fashion génère aujourd’hui plus de gaz à effet de serre que les vols internationaux et le trafic maritime réunis (source : ADEME).
Pour acheter un jean ou un tee-shirt de manière plus responsable, les consommateurs pourront désormais se fier au nouvel étiquetage du Coût Environnemental à l’image d’un Nutri-Score pour l’alimentation. Plus le chiffre est haut, plus l’impact environnemental du produit est lourd. Sachant que le coût du transport est très souvent l’un des plus impactants sur ce score, les marques du made in France devraient facilement apparaître comme les plus vertueuses. D’ailleurs, quelques-unes ont déjà rejoint ce combat pour la transparence comme 1083, Kiabi, Jules, Intersport, Sessun, Okaïdi, Sandro, Maje, Claudie Pierlo… et bien d’autres sont prêtes à leur emboiter le pas comme Leclerc qui s’est engagée à déployer l’affichage environnemental sur sa marque Tissaïa au début de l’année 2026.

L’application développée par Clear Fashion permet aux entreprises de mesurer l’impact environnemental et social de leurs produits.

Face à cette implication responsable, l’annonce de l’ouverture de magasins Shein au cœur d’enseignes pourtant réputées pour leur position face à l’ultra fast-fashion fait grand-bruit et soulève bon nombre d’interrogations. Ainsi, le Groupe Galeries Lafayette s’oppose au projet de la Société des Grands Magasins qui détient le BHV et les “Galeries Lafayette” de Dijon, Reims, Grenoble, Angers et Limoges. Cette opposition est soutenue par plusieurs députés qui ont adressé le 3 octobre un courrier au Premier ministre pour réclamer le blocage par la Caisse des Dépôts du partenariat entre Shein et le BHV.
La bataille politico-judiciaire ne fait que commencer, mais c’est entre les mains des consommateurs que son issue se dessinera. C’est en effet vous qui accepterez ou non l’installation de l’ultra fast-fashion au cœur des villes sous le prétexte que cela défend notre pouvoir d’achat. C’est donc à nous tous de décider s’il vaut mieux acheter des vêtements qui ne respectent aucune norme et détruisent des emplois, ou, au contraire, avoir un comportement plus responsable en se tournant vers des produits issus des filières textiles française et européenne. Mais il faut faire vite car, de tous les pays d’Europe, nous sommes déjà le plus grand client de Shein ! Alors soyons cohérents et respectons nos propres revendications comme celle exprimée lors de la Convention Citoyenne en 2020 qui demandait la création d’une obligation d’affichage de l’impact environnemental des produits et services pour faciliter les choix des consommateurs.

www.ecologie.gouv.fr

Partagez cet article :
×