Eco responsabilité, slow fashion, circuits courts, recyclage, up-cycling, autant de termes pour désigner la prise de conscience des générations Y et Z concernant leurs habitudes de consommation en matière de mode et leurs engagements pour la préservation de la planète. L’occasion pour Mag’ in France de vous faire découvrir le stade ultime de l’éco responsabilité à travers une mode entièrement issue du recyclage… et bien évidemment made in France.
Qu’entend-on par recyclage lorsqu’on parle de la mode. Pour Éloïse Moigno et Thomas Ebélé, fondateurs de la plateforme d’éco responsabilité SloWeAre : “Il s’agit de notre capacité à produire un nouveau fil à partir des milliers de tonnes de textiles dont on se sépare tous les ans à raison de 12 kg par an et par personne”. Si cette matière première part en recyclage à l’autre bout du monde via des porte-conteneurs ou par avions, on peut dire qu’il s’agit alors d’une petite catastrophe environnementale. En revanche, si nous parvenons à en traiter une importante partie en France ou en Europe proche, on entre alors dans un tout autre positionnement, un cycle plus vertueux auquel les générations Y et Z sont très sensibles. Les dernières campagnes de financement participatif – comme celle initiée par 1083 pour son jeans Infini – montrent l’intérêt que l’on porte à ce sujet (la campagne ayant été réussie en très peu de temps à 850 % de son objectif).
D’autres marques s’investissement avec beaucoup d’énergie dans l’utilisation des fibres recyclées qu’elles le soient en France ou en Europe proche. C’est le cas de marques comme Au Juste, Hopaal, La Gentle Factory ou Marcia de Carvalho. Des chaussettes aux jeans en passant par des tee-shirts, des sweats, des polos, des pulls, des chemises et autres bonnets, c’est un dressing femme ou homme complet qui est issu de fils recyclés. Laine et coton sont les plus utilisés, mais d’autres voies sont en progression avec le polyester et autres matières issues des énergies fossiles. Rappelons que ce recyclage est impossible si nous n’avons pas les outils et les entreprises indispensables et qu’acheter un pull recyclé, c’est aussi maintenir des savoir-faire et de l’emploi sur notre territoire.
L’avenir dépend aussi de notre capacité à innover dans nos techniques de recyclage. “On a trop de vêtements, il y a un immense gâchis sachant que 60 % sont en matières synthétiques”, explique Thomas Ebélé. Utilisons déjà ce dont on dispose pour ne pas faire comme certains pays où : “pour faire croire à un comportement vertueux, on organise une surproduction de bouteilles en plastique pour alimenter artificiellement la filière du recyclage. Une technique terriblement perverse moins chère et plus simple que d’organiser la collecte des plastiques dans le pays”. “Un gâchis d’autant plus grand qu’à ce jour, on a de quoi habiller 4 générations rien qu’avec l’existant !” conclut Thomas.
En France, cela fait des années que l’on planche sur le sujet et des initiatives de recherche & développement sont mêmes soutenues par de grandes enseignes à la recherche d’un fil recyclé de qualité. C’est le cas avec le projet présenté par le CETI (Centre Européen des Textiles Innovants) qui inaugure ce 19 septembre sa toute nouvelle “machine” permettant le tri et le recyclage du coton. Un futur outil industriel, soutenu financièrement en R&D par Décathlon et Okaïdi, et dont la nécessaire automatisation pour baisser le coût final du fil va passer entre les mains des ingénieurs de l’ESTIA. Dans ce projet, c’est toute la France du textile qui s’engage, de Tourcoing siège du CETI dans les Hauts de France, à Bidart à l’extrême sud-ouest de La Nouvelle-Aquitaine où se trouvent les ingénieurs de l’école ESTIA, en passant par Laval siège de TDV Industries en charge de la partie développement industriel.
D’autres pistes
On parle également de recyclage lorsque des créateurs de mode utilisent des textiles en fin de série habituellement destinés à la destruction ou tout simplement oubliés dans les stocks des fabricants. Ces créateurs de mode sont de plus en plus nombreux, mais ne possèdent pas le réseau de distribution et les moyens de communication des grandes enseignes. Pourtant, ce sont celles et ceux qui façonnent la mode d’aujourd’hui et de demain. Aatise, Ecclo, Gaëlle Constantini et Maison Alfa font partie de ces acteurs très engagés dans cette filière particulière et si novatrice de la mode. Des collections avant-gardistes qui s’adressent à ces générations Y et Z, bien que rien n’interdise à un ou une soixantenaire de la génération X de porter un tee-shirt ou un sweat !
Le marché de l’occasion est également un puissant moyen de puiser dans ce gisement colossal de vêtements oubliés au fond d’une penderie. C’est une forme de recyclage très engagé dans l’éco responsabilité et le rejet de “l’éphémérisation” de la mode. Aujourd’hui, 41 % des Français envisagent d’acheter des vêtements d’occasion et la proportion grimpe à 46 % chez les 18-24 ans. Les actions et initiatives sur ce marché sont en plein développement avec des magasins spécialisés et des vide-greniers qui sortent de la simple organisation de quartier pour devenir de vrais salons d’exposition et de vente. Une nouvelle économie est née et fonce sans retenue avec l’aide du Net et des réseaux sociaux. Influenceurs et infuenceuses emboîtent le pas et des applications et autres sites de vente en ligne sont dédiés exclusivement à la mode. Vinted revendique 22 millions de vendeurs inscrits à travers 12 pays. Le succès est total, mais ne doit pas faire oublier qu’il existe aussi la filière des dons aux ONG engagées dans l’aide sociale.
Et si vous êtes un accro de la mode et que le besoin de changement s’impose, pourquoi ne pas avoir recours à la location : cette économie de fonctionnalité touche dorénavant aussi bien le secteur du textile que celui de la chaussure et de la maroquinerie. De nombreux sites existent qui proposent vêtements et accessoires allant du prêt-à-porter à la haute couture. Bocage qui, rappelons-le, propose une belle sélection de chaussures fabriquées en France, a lancé un programme d’abonnement : une paire de chaussures neuves tous les 2 mois.
S’habiller en recyclé de la tête aux pieds est maintenant possible, mais la meilleure façon de se vêtir de façon durable reste encore d’acheter des vêtements de qualité qui dureront dans le temps. Ils pourront alors être reprisés, recousus, retouchés, ressemelés pour commencer une seconde vie avant d’en entamer une troisième via un don, une revente ou la dépose dans un point de collecte !
Voici une sélection de 15 pièces du vestiaire masculin issues du recyclage ou de l’up cycling :