Kignon est le premier biscuit gourmand et militant fabriqué à partir d’ingrédients bio, dont les invendus de pain. Une recette engagée suivie par les 50 employés d’un ESAT de la région nantaise.
D’abord, quelques chiffres très parlants : 1 Français sur 5 rencontre des difficultés à se nourrir correctement (sondage Ipsos pour le Secours Populaire) et 10 millions de tonnes d’aliments encore consommables sont jetés chaque année. Parmi ces aliments, on retrouve bien évidemment le pain avec l’équivalent de 600 millions de baguettes perdues dont 200 millions directement jetées par les boulangeries. Parallèlement à cette situation, on constate que le taux de chômage est deux fois plus élevé chez les personnes en situation de handicap, puis que les ESAT fonctionnent en sous activité et sont en constante recherche de nouveaux projets pérennes pour former des travailleurs à de nouveaux métiers.
C’est en partant de ce constat que les trois fondatrices ont lancé la biscuiterie Handi-Gaspi avec, comme produit phare, le Kignon, un biscuit fabriqué en Loire-Atlantique par des personnes en situation de handicap à partir des invendus de pains bios et d’ingrédients locaux et équitables. En moins d’une année, le Kignon est présent dans plus de 400 magasins bios sur l’ensemble du territoire, dont une centaine pour la seule enseigne Naturalia.
À l’origine de ce projet, trois ingénieures agro-alimentaires partageant la même prise de conscience sur l’ampleur du gaspillage alimentaire. Elles se rencontrent au sein d’une association nantaise œuvrant pour l’insertion des personnes en situation de handicap à travers un projet agro. Arrivées en fin de contrat, Alix Guyot, Louise Doulliet et Katia Tardy décident de s’associer et fondent Handi-Gaspi en 2021. Plus de 200 000 euros seront investis dans la création de la biscuiterie avec l’aide des banques et de l’État dans le cadre de son appel à projet “année de la gastronomie”.
En septembre 2021 sortent du four les premiers biscuits. Un premier pas qui conduit à une production actuelle de 13 000 biscuits par jour. “Nous valoriserons 30 tonnes de pains invendus bios par an, soit l’équivalent de 120 000 baguettes. Cela représente 25 millions de litres d’eau, donc environ 10 piscines olympiques chaque année », nous indique Katia, la responsable de communication du trio. Bien évidemment, tous les ingrédients restent bios et majoritairement sourcés dans la région pour privilégier les circuits courts. Une opération d’ampleur est en cours d’étude avec l’enseigne Leclerc de la région Ouest pour le traitement de ses invendus bios qui seront transformés puis revendus directement avec un packaging distinctif. “Le Kignon est délicieusement gourmand, avec des recettes variées : chocolat-noisette, chocolat-orange, citron-amande, sarrasin. Il est le seul à associer autant d’impacts sociaux & environnementaux”, nous explique Katia.
Le but des trois associées est de dupliquer leur initiative dans d’autres régions en organisant la collecte et la transformation. “Notre ambition ? Relocaliser les systèmes alimentaires ! Nous voulons répondre à une forte demande nationale à travers un maillage d’ateliers locaux permettant d’offrir, où que l’on soit, la promesse d’un biscuit Bio, Local et Handi-Gaspi”, indique Katia Tardy. Dès à présent, elles travaillent également sur de nouveaux produits à base d’invendus ou co-produits alimentaires…
Cette initiative montre que l’industrie agro-alimentaire peut être reformatée et qu’elle porte en elle sa capacité à se réinventer et à entamer sa propre révolution écologique et solidaire.