Greenfib, une alternative aux plastiques pétrochimiques

Imaginez, une matière 100 % biosourcée et aux multiples propriétés pouvant remplacer dans presque toutes leurs utilisations les plastiques rigides issus de la pétrochimie. C’est ce que propose Greenfib, histoire de bousculer le monde de la plasturgie et peut-être de faire changer les pratiques.

Le plastique biosourcé n’est pas une nouveauté, il en existe pléthore, mais peu avec les caractéristiques techniques nécessaires pour supplanter tout ceux issus de la pétrochimie. La grande nouveauté introduite par Greenfib est justement d’avoir composé plusieurs “recettes” permettant d’ouvrir en grand le champ des possibles à ce bioplastique.
D’abord, qu’est-ce qu’un plastique 100 % biosourcé ? C’est une matière obtenue à 100 % à partir d’ingrédients naturels non issus de la pétrochimie. Ce type de polymère existe depuis des années et Arkéma, par exemple, produit à Marseille son fameux Rilsan PA11 largement utilisé par l’industrie et qui sert également de base à la matière Greenfib. Petite précision, le Rilsan d’Arkéma était présenté à l’exposition du Fabriqué en France au Palais de l’Élysée en juillet dernier. Il s’agit d’un polyamide 100 % biosourcé, ultra solide, léger, durable et recyclable. Pour le rendre encore plus solide et capable de répondre à des critères techniques de solidité ou de torsion, il est nécessaire de lui ajouter des adjuvants qui, eux, ne sont pas toujours biosourcés. C’est là que Greenfib se distingue avec ses formulations originales et surtout, elles, 100 % biosourcées à base de talc, de coquilles d’huître ou encore de poudre de bois ou de roseau.

Un brevet déposé

Des formulations brevetées depuis 2011, mais que Luc Ménétrey, opticien de son métier, peine à mettre en œuvre. Son association avec un ancien copain d’école, Cyr Dioré, va tout accélérer dès 2019 avec la volonté de produire des montures de lunettes à partir de ce bioplastique. Leur souhait d’être engagés dans une démarche hyper vertueuse les amène à ne sélectionner que des matières naturelles n’entrant pas en concurrence directe avec l’alimentation humaine ou animale. Certains peuvent juger que ce n’est qu’un effet de style marketing alors que d’autres seront plus sensibles à cette démarche… à vous de vous faire une idée. Toutes les formulations Greenfib ont été élaborées avec le concours du laboratoire Valagro de Poitiers jusqu’à obtenir en 2019 la certification “contact alimentaire”.

Les produits de demain

Aujourd’hui, Greenfib ne produit pas, mais propose ses formulations aux entreprises désireuses de travailler avec un plastique biosourcé à 100 %. Ainsi, pour la rentrée, 40 000 montures de lunettes créées et fabriquées par la marque OxO en Greenfib seront proposées à la vente dans les 850 magasins Écouter Voir. Les implications ne s’arrêtent pas là, puisque Luc Ménétrey et Cyr Dioré ont déjà engagé de nombreux contacts. Leur Greenfib est même référencée dans la “matériauthèque” du groupe LVMH parmi les 400 “matières à penser” du catalogue de la marque de luxe. “Nous avons également des projets en cours dans la cosmétique, l’alimentaire, des magasins bio, des enseignes de bricolage, l’ameublement et même avec un fabricant de drones. L’idée est de proposer des objets durables, réutilisables et recyclables”, souligne Luc Ménétrey.

Outre ses propriétés purement techniques, la fabrication de la Greenfib peut se faire dans n’importe quel écosystème local réunissant les producteurs des ingrédients nécessaires, des poudres minérales comme le talc, des farines végétales et des huiles végétales comme celle de ricin. “Nous ne sommes pas producteurs, notre but était de réunir les acteurs pouvant être impliqués dans la fabrication du produit final qui se présente sous trois formes. Soit des granulés, soit des plaques, soit des filaments”, explique Luc Ménétrey. Des filaments qui permettent les impressions additives là où les concepteurs ne peuvent pas utiliser les procédés d’extrusion ou d’injection.

Des propriétés prometteuses

Cette présentation de ce nouveau bioplastique ne serait pas complète sans souligner quelques propriétés particulières comme l’autoextinguibilité qui intéresse fortement les industriels du bâtiment comme le groupe Legrand pour ses interrupteurs. Une matière qui intéresse également l’horlogerie pour la fabrication de boitiers de montre et autres objets en contact avec la peau puisque la Greenfib dispose de propriétés anallergiques. “La recyclabilité de notre matériau fait que si l’objet est cassé ou abimé, il n’est pas considéré comme un déchet, mais comme une ressource. À ce titre, avec le laboratoire Valagro, nous sommes parvenus à 9 cycles de recyclage sans ajout de matière nouvelle”, conclut Luc Ménétrey.

www.greenfib.fr

Partagez cet article :
×