Icône de nos cantines et de nos tables familiales, le verre Duralex fait partie de notre histoire commune. Quand il fête ses 80 ans, cela réveille forcément des souvenirs…
À part peut-être quelques individus de la génération Z, quasiment tout le monde en France a tenu au moins une fois dans sa main un verre Duralex. À l’école, à la colo avec le modèle Gigogne, chez les grands-parents et même au resto avec le Picardie, le verre Duralex est à l’art de la table ce que le rock’n roll est à la musique : indispensable, au point de trouver place dans les vitrines du Museum of Modern Art de New York ! À la base de cette iconisation se cache une technologie de presqu’un siècle lorsque Saint-Gobain invente le verre trempé, chauffé à plus de 700° C puis refroidi brutalement pour devenir jusqu’à cinq fois plus résistant que du verre ordinaire.
Une histoire compliquée
Malgré ce statut d’icône nationale et internationale, l’incassable Duralex s’ébrèche une première fois dans une valse malsaine d’actionnaires entre les années 80 et les années 2000, jusqu’à l’entourloupe fatale portée par l’homme d’affaires turc Sinan Solmaz, visé en 2012 par un mandat d’arrêt européen, arrêté puis condamné en 2014 à 3 ans de prison ferme et 200 000 € d’amende par le tribunal correctionnel d’Orléans pour abus de biens sociaux, banqueroute par détournement ou dissimulation. Suivent alors d’autres péripéties avec des repreneurs venus du Proche-Orient là où se situe l’essentiel de son marché. Un four inactif sur presqu’une année, un coût de l’énergie qui ne cesse de grimper et le Covid vont porter le coup de grâce à l’entreprise contrainte de mettre ses fours à l’arrêt. Ils sont redémarrés en 2023 avec 15 000 000 € d’aides de l’État. Survient alors l’amende “droit à polluer” de l’ancienne direction d’un montant de 1 300 000 € non provisionnés qui risque de mettre la trésorerie de la société en péril.
La création de Duralex SCOP SA
Mais l’année 2024 annonce le retour de Duralex sous une forme pour le moins originale à notre époque : celle d’une SCOP (Société Coopérative et Participative). Un projet porté par une majorité des salariés, un syndicat et quelques politiques locaux mais qui, dès son annonce, va susciter un engouement qui prend des allures de raz de marée. François Marciano, le nouveau directeur, signale une hausse de “323 % de commandes directes” à la suite de l’annonce de l’adoption du projet de Duralex SCOP SA. Dès lors, et avec un peu d’aide de l’État sous la forme d’un prêt de 750 000 €, la SCOP entend bien atteindre et dépasser les chiffres d’affaires de ses plus belles années avec plus de 40 millions visés à 2029.



Voilà pour l’histoire, mais à 80 ans, l’entreprise en a encore sous le pied et sa forme coopérative lui donne la force du collectif. Elle s’engage donc dans un nouveau cycle avec une série d’initiatives créatives, industrielles et environnementales. “Nous avons déjà réalisé 18 millions d’euros de chiffre d’affaires en sept mois. Le pari est de terminer les 12 premiers mois à 32 millions d’euros, soit une hausse de 20 % par rapport à l’an dernier sur la même période.”, affirme Vincent Vallin, directeur Stratégie et Développement. Les 242 employés, dont 148 sont sociétaires de la SCOP, œuvrent pour atteindre les objectifs fixés lors de la reprise. Des références vont disparaitre du catalogue, d’autres arrivent, plus contemporaines, plus colorées avec ou sans collaborations artistiques et inspirantes. “La marque ne doit pas seulement capitaliser sur l’effet nostalgie, elle doit aussi se projeter vers l’avenir,” explique Peggy Sadier, directrice Marketing, E-Commerce et New Business.
Réduire son empreinte carbone
Parallèlement, la direction collective entend bien apporter une dimension environnementale à cette renaissance. Plusieurs pistes sont à l’étude avec le soutien de la métropole d’Orléans pour réduire l’empreinte carbone tout en améliorant encore les performances énergétiques. Panneaux photovoltaïques, four à hydrogène, récupération de la chaleur des fours pour le chauffage et de l’eau de pluie pour leur refroidissement, sans oublier une opération foncière exceptionnelle menée par la métropole avec le rachat du terrain de l’usine de La Chapelle-Saint-Mesmin pour 5,6 millions d’euros. Une opération prévue dans la validation du plan de reprise par le Tribunal de Commerce et qui représente un apport de trésorerie essentiel. Un premier versement de 3,3 millions d’euros sera effectué en juin, suivi d’un second début 2026.
Un anniversaire dignement fêté
Ce 80e anniversaire va être accompagné de nombreux temps forts avec le lancement hier d’une série de verres collectors en édition limitée 80 ans avec 100 verres d’or gravés qui seront cachés dans les packs. Les gagnants en France et à l’international bénéficieront de 1 000 € de produits Duralex offerts. Une visite VIP de l’usine complètera le lot des gagnants en France.




Set de 6 verres à eau colorés Le Picardie, série limitée anniversaire 80 ans ornée d’un logo spécial : 19,90 €. (@ Flex Réalisation)
La fin d’année sera également l’occasion de voir arriver des produits dérivés dédiés à la marque et tous made in France. D’abord une collection de tee-shirts (déjà en vente) puis des vestes, des hoodies et des sweat-shirts. La société va également initier un Live Shopping sur son site Internet le 17 juin à 18 h pour présenter ses nouveautés.
Côté création, Duralex annonce pour la fin d’année une collaboration avec un designer et le lancement d’un concours de design avec des écoles en France et à l’international avec, pour objectif, de créer les produits Duralex de demain. Les plus jeunes ne sont pas oubliés puisque la marque avait lancé, en clin d’œil au verre Gigogne présent dans toutes les cantines, un grand concours de dessin destiné aux élèves du CP au CM2. Le gagnant sera annoncé le 17 juin 2025 et recevra un pack de 6 verres avec son dessin sérigraphié et son œuvre sera exposée à la boutique Duralex d’Orléans tandis que l’école lauréate remportera 10 packs édition collector 80.


Les tee-shirts en 100 % coton bio sont réalisés en France, dans le respect des savoir-faire textiles traditionnels. Prix : 29,90 €.
Une collaboration étoilée
Le chef Christophe Hay, doublement étoilé et engagé dans la transition écologique, devient ambassadeur local Duralex. Les produits de la marque sont désormais présents dans son complexe hôtelier Fleurs de Loire, à Blois – preuve que l’ADN populaire de Duralex peut aussi briller à la table des grands chefs.
À 80 ans, l’esprit SCOP est au cœur de cette renaissance saluée unanimement. C’est tout Duralex qui fait preuve d’originalité tout en conservant son ADN. Un engagement pris par cette société coopérative qui convoque de nombreux souvenirs en France comme à l’international et ne peut pas nous laisser insensibles. Vive le rock’n roll !