Donner la parole aux acteurs du fabriqué en France est une habitude chez Mag’ in France et, aujourd’hui, c’est au tour de Julien Tuffery de prendre la parole.
“Je suis (un peu ?) épuisé d’entendre dire que l’un des problèmes du jean made in France, c’est son prix final…
Chaque année en France, sur les 70 000 000 vendus, plus de 10 000 000 d’exemplaires sont achetés à des prix dépassant les 120 € et je ne parle pas là des chinos, des shorts, des jupes, des salopettes, etc. Je ne parle là que des jeans ! Tous sont fabriqués quasi-exclusivement hors et loin de France.
Le jean made in France trop cher par rapport à ceux de la fast fashion vendus seulement quelques euros… OK, ce débat est insolvable, ces deux mo(n)des de consommation sont trop éloignés pour commencer à se parler.
Mais selon moi, le cœur du débat n’est pas là.
Myriam et Julien Tuffery à la tête d’une entreprise née en 1830 au cœur des Cévennes.
Si les millions de clients qui achètent déjà des jeans à plus de 120 euros fabriqués très loin se mettaient à flécher leurs dépenses vers de la fabrication française, ça ne leur couterait pas plus cher et nous monterions alors des centaines de manufactures dans l’hexagone avec du travail pour les 300 prochaines années !
1- Oublions ces discussions qui opposent fast fashion & made in France (on y reviendra dans 50 ans, quand on aura réglé le point 2 ci-dessous).
2- Informons, éduquons, renseignons tous ces consommateurs qui dépensent déjà beaucoup d’argent dans un jean fabriqué très loin pour qu’ils puissent mieux dépenser.
Pour info, et selon nos standards de fabrication, 1 200 jeans vendus par an, c’est l’équivalent d’une personne embauchée en production. Je vous laisse faire le calcul pour 10 000 000 de jeans…
On pourrait compléter aussi en parlant :
- de la réparabilité
- de l’empreinte écologique
- de la durabilité
- du consommé moins mais mieux
- de la seconde main
- etc. on y reviendra !”
Voilà quelques mots qui expriment bien dans quel état se trouve ce secteur de la confection. Dans d’autres prises de position, le couple Tuffery exprimait déjà qu’un surcroit d’activité permettrait de voir émerger d’autres manufactures de jeans et donc de créer de l’emploi tout en diminuant l’empreinte écologique de ce secteur. Rappelons que la fabrication d’un jean dans certains pays engendre une consommation d’eau constatée par de multiples organismes comme l’Ademe, allant de 7 000 à 11 000 litres pour un jean en comptant la culture du coton, la teinture et le délavage. Rajoutez à cela le transport et le possible non-respect des règles du travail des enfants voire de l’hygiène et vous comprendrez pourquoi il faut privilégier les jeans fabriqués en France d’autant que, comme le souligne Julien Tuffery, il existe de nombreuses marques françaises et donc une offre et un choix qui laissent beaucoup de place aux phénomènes de mode. Encore que, dans l’univers du jean, la mode n’est qu’un éternel recommencement.
