Très impliqué dans la mobilité durable, Michelin présente son projet Wisamo, une voile-aile pour les cargos qui permettrait de faire baisser de 20 % leur consommation de fioul lourd !
C’est lors du sommet mondial de la mobilité durable 2021 initié par Michelin que le fabricant de pneumatiques a dévoilé une innovation majeure dans le domaine de la mobilité maritime qui, rappelons-le, produit à elle seule plus de 139 millions de tonnes de CO2 dont 80 % proviennent uniquement du transport de marchandises en conteneurs.
Face à ces chiffres, le géant mondial du pneumatique s’attaque depuis plusieurs années et tous azimuts aux problèmes des émissions de gaz à effet de serre. Le projet Wisamo – contraction des mots “wings sails” et “mobility” – n’est pas une réelle nouveauté technologique, mais avec la puissance du centre de recherche de Michelin, il est en passe de devenir la solution de demain pour le transport maritime… et même pour la plaisance.
Wisamo est entièrement basé sur les concepts développés par Laurent de Kalbermatten, créateur de la première voile destinée au parapente, et Édouard Kessy, créateur des voiles 3DI. Wisamo est un mix de ces deux technologies avec ses caissons gonflables comme sur un parapente, et sa fabrication moulée-collée qui lui procure son profil en aile d’avion. Grâce à la forme en caissons, cette voile se gonfle automatiquement sur un mât fixe ou télescopique. Dès lors, elle est capable de fonctionner dans quasiment toutes les directions par rapport au vent. Pour les amateurs de voile, on dit qu’elle fonctionne à toutes les allures à la fois par poussée vélique et par portance. Comme une aile d’avion, elle avance dans le trou qu’elle produit en avant d’elle-même. Qui plus est, contrairement à une voile classique qui génère de gros efforts sur le mât, Wisamo n’a aucun point de compression et ne nécessite aucun câble pour la soutenir. En outre, sa forme lui permet de s’auto-adapter à la direction du vent, ce qui réduit drastiquement ses réglages.
Le projet est en cours d’évaluation avec l’aide du célèbre skipper Michel Desjoyaux littéralement séduit par ce concept et qui a mis à disposition son voilier Bénéteau sur le lac de Neuchâtel en Suisse. La période sanitaire a quelque peu bousculé le programme, mais les premiers tests sont concluants et le voilier devrait très vite rejoindre le port de Royan pour des essais plus musclés en mer. Dès que cette phase sera validée, une aile prototype sera installée sur le navire roulier français MN Pelican de la Compagnie Maritime Nantaise qui effectuera ses rotations hebdomadaires entre l’Espagne et l’Angleterre avec ce mode de propulsion complémentaire. L’aile sera gréée sur un mât rétractable pour passer sous les ponts et les infrastructures portuaires de manutention. Ces tests se dérouleront dans le courant du second semestre 2022 et, s’ils s’avèrent probants, il est prévu d’équiper le MN Pelican d’une plus grande voile pour atteindre les 20 % de réduction de consommation de fioul lourd tant espérés. Ainsi, Michelin entend bien être un acteur majeur de décarbonation du transport maritime.